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A lire, à écouter, à découvrir...

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5 janvier 2010

La reproduction, Arnaud Fleurent-Didier

 

Il n'y auras pas de battage médiatique, non.
Pas de passages radios en boucle sur nos ondes le plus souvent pourries.
Non. Il n'y aura pas tout ça. Tant il est parfois triste et désespérant ce monde qui consomme, qui braille, qui laisse la beauté au bord de la route.

2010 commence pourtant si bien, avec la sortie de La reproduction, d'AFD.
Musicalement, c'est une superbe réussite. Un son très seventies pour un retour sur un passé pas si lointain, des coups de fouets qui claquent dans l'air, qui font sourire, puis qui ne font plus sourire. Des choeurs qui allègent, pour une pointe d'humour. Une perfection de métronome dans les tempos.

Sur le fond... Sur le fond, c'est un album profond... On pourrait se croire du côté de l'anecdote, et pourtant, non... C'est un album qui questionne, qui cherche des réponses, sans pour autant forcément les trouver... Et ces réponses sont au creux de nos histoires, de notre histoire commune, qui pèse, qui n'en finit pas de peser... Et ces réponses, on peut les trouver du côté de notre intime. AFD se pose des questions. On le suit. On se les pose à notre tour...  "Dis mémé, comment c'était (...) Dis pépé, souviens toi, dis pépé, l'occupation c'était quoi?"

On a trente ans, on a l'air désabusé, on ne l'est pas.
On a un père, une père, un grand-père, une grand-mère...
On ose demander, ou on ose pas.
On a trente ans, on aime, une fois, deux fois, dix fois...
On a trente ans et nous sommes les héritiers de la nouvelle vague, de la guerre, de mai 68.

Pour la petite influence que je peux avoir ici, de tout cœur, je vous le dis, La reproduction ne vous laissera pas indifférents, et loin de là...

Oui, 2010 s'annonce bien... Le journal intime de Benjamin Lorca, roman publié aux Editions verticales, d'Arnaud Cathrine, est sorti aujourd'hui. Bientôt je vous en parle.
Puis début février, c'est l'Armure, d'Erik Arnaud, qui sort. Bientôt, je vous en parle...
Puis suivra Courchevel de Florent Marchet.

Oui, elle s'annonce bien, cette année 2010... Savourez l'extrait musical mis en ligne, mais surtout, surtout... Achetez l'album. Pour que vivent nos artistes, ceux qui nous bouleversent tant, qui me bouleversent tant...

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25 décembre 2009

Le voyage de Jeanne.

 

Que faire lorsque, jour après jour, on se heurte à l'insondable silence de son propre enfant?

Que faire, lorsque le temps passé avec cet enfant se perd dans l'angoisse de dizaines de rendez-vous, de cliniques en hôpitaux, d'experts en experts, en experts...

Comment remettre du sens là où il n'y en a plus le moindre.

...

Le voyage de Jeanne est un roman.

Autobiographique certes, mais un roman tout de même.

Un matin, un père ne trouve plus le moindre sens à aller, encore, à un Nième rendez vous avec sa petite, qui à 3 ans, ne parle pas. L'enfant est là, bien harnachée dans son siège-auto, petite victime passive au centre d'une agitation médicale ininterrompue depuis sa naissance, ou quasi.

L'enfant est là, derrière, et le père, dans une pulsion de vie, s'arrache à ce qui petit à petit, détruit sa relation à Jeanne, sa fille.

Ce serait un film, on parlerait donc de road-movie.

Les voilà jetés sur la route, cette enfant qui ne parle pas, et ce père qui ne sait pas quoi dire.

La trajectoire au départ hasardeuse dessine petit à petit, en mouvement, la vie de ce père.

Il repart, il entraine sa mutique petite fille sur les traces d'un passé perdu mais pas éteint. Et cette enfant-plume appose, en creux, sur ces plages, dans ces rues, dans ces forêts, une empreinte, son empreinte, légère et pesant pourtant plus lourd que le monde lui-même.

C'est un voyage au cœur des mots, et de l'émotion.

Une nécessaire parenthèse, hors du temps, afin de dire enfin ce qui n'a pas été dit, de réparer ce qui peut l'être, d'accepter l'inacceptable.

Le voyage de Jeanne est la mise au monde d'un père, la naissance d'un homme à lui même.

Extrait: "Nous nous asseyons près de la rivière. Jeanne s'allonge. L'air est bon, il est chaud. L'eau ruisselle à nos côtés. Jeanne s'amuse à cligner des yeux en secouant la tête. Elle fait le clown. Je la sens heureuse. Et si la vie n'était que cela, encapsulée dans ces petits moments comme des perles précieuses? J'ai dû m'assoupir avec le curieux sentiment que, pour une fois, c'était Jeanne qui veillait sur moi. J'entendais au loin cette rivière enchantée drainant les souvenirs. Des brindilles de mémoire qui tournoyaient dans le courant. J'en attrapais quelques-unes dans mon demi-sommeil, comme des bouts de rêves en guise d'histoire à me raconter, de comptines à dérouler pour m'endormir vraiment dans les bras du temps. Jeanne s'est allongée contre moi et nous avons regardé tous les deux le bleu du ciel, en fermant de temps à autre les paupières." Le voyage de Jeanne. Jean-Baptiste Dethieux. Editions Anne Carrière.

28 novembre 2009

S'échapper d'ici.

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S'échapper d'ici...
Et par le titre déjà tu sais.

Tu sais, parce que toi aussi, t'as déjà rêvé de t'échapper d'ici.

"S'échapper d'ici" est le dernier roman d'Arnaud Tiercelin, paru aux éditions de l'Ecole des Loisirs.

Il y est question d'une lettre arrivée trop tard.
De parents que l'on aime, même si ils ont perdu le mode d'emploi.

Le collège.
Un ami.
Un premier amour.

Et vouloir s'échapper d'ici quand tout devient trop compliqué.
Trop douloureux.
Quand l'enfance n'est plus qu'un souvenir, mais que l'on est pourtant pas armé pour des chagrin d'adulte.

Il y est question d'une lettre.
Une lettre-bouteille.
Bouteille à la mer.

Il y est question de petites, et de grandes choses.

Il y a un père.
Il y a une mère.
Et au milieu, il y a une lettre.
Et au milieu, il y a Gabriel.

Extrait:

"C'est le moment que choisit ma mère pour aborder le sujet. Mettre les pieds dans le plat de pâtes, devrais-je dire, si j'appartenais encore à cette famille.
- Alors, Gaby, ta journée?
-Rien d'extraordinaire. Ah, si, la prof de français s'est pris une porte dans la tronche!
- Et ça t'as fait rire?
- Ben, tout le monde s'est tordu de rire, sauf les Sixièmes qui se sont grouillés de lui ramasser le tas de copies qu'elle tenait dans les bras avant de tomber.

Sa voix apparait enfin.

- Finis donc ton assiette.

Il ne parle plus beaucoup depuis la bouteille à la mer.

J'en profite.

- Tu sais, je me disais que ça faisait longtemps qu'on n'avait pas pêché tous les deux.
- Oui, désolé, mon grand, mais pas le temps en ce moment.

Je les regarde intensément, ils ont le visage caché derrière leur cuillère. Il n'empêche que je les trouve beaux. Et je me mets à pleurer.
Tout doucement.
Ils ne voient rien, sont trop occupés à ne pas se regarder. Ça tombe dans mon plat.
C'est caché derrière mes mains."

21 avril 2009

D'autres vies que la mienne, Emmanuel Carrère.

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Emotion, puissante, intense, qui vous tire les larmes dès la première page.

Dès la première page.

D'autres vies que la mienne.

D'autres vies qui m'ont renvoyée à un passé proche et infiniment douloureux.

Des mots qui se téléscopent à des images.

Mes images.

Comment ne pas comparer.

Certains de mes lecteurs sauront de quoi je parle, de QUI je parle.

Les mots d'Emmanuel Carrère sont infiniment justes, précis, au plus près.

Je l'ai terminé hier soir, en larmes, dans ma cuisine.

Mais la fin du livre est un soleil qui réchauffe.

Ce sont d'autres vies que la mienne.

D'autres vies que les nôtres.

Extraits

"A quelques mois d'intervalle, la vie m'a rendu témoin des deux événements qui me font le plus peur au monde: la mort d'un enfant pour ses parents, celle d'une jeune femme pour ses enfants et son mari (...) Il est question dans ce livre de vie et de mort, de maladie, d'extrême pauvreté, de justice, et surtout d'amour. Tout y est vrai."

"Philippe s'est avancé vers eux, il savait que c'était leurs dernières secondes de bonheur. Ils l'ont vu approcher, il est arrivé devant eux, couvert de boue et de sang, le visage décomposé, et à ce point du récit Philippe s'arrête. Il n'arrive pas à continuer. Sa bouche reste ouverte, mais il n'arrive pas à prononcer les trois mots qu'il a du prononcer à cet instant.
Delphine a hurlé, Jérôme non. Il a pris Delphine dans ses bras, il l'a serrée contre lui aussi fort qu'il pouvait tandis qu'elle hurlait, hurlait, hurlait, et à partir de cet instant il a mis en place le programme: je ne peux plus rien pour ma fille, alors je sauve ma femme."

(...)

"Il s'est de nouveau allongé près d'elle, mais cette fois plus confortablement, presque comme si ils étaient dans leur lit, à la maison. Elle respirait sans heurt, ne semblait plus souffrir. Elle dérivait dans un état crépusculaire qui à un moment allait devenir la mort, et il l'a accompagnée jusqu'à ce moment. Il s'est mis à lui parler à l'oreille, très bas, et en parlant à toucher doucement sa main, son visage, sa poitrine, de temps en temps à l'embrasser, du bout des lèvres. Tout en sachant que son cerveau n'était plus en mesure d'analyser les vibrations de sa voix ni le contact de sa peau, il était certain que sa chair les percevait encore, qu'elle entrait dans l'inconnu en se sentant enveloppée par quelque chose de familier et d'aimant. Il était là. Il lui a raconté leur vie et le bonheur qu'elle lui avait donné. Il lui a dit combien il avait aimé rire avec elle, parler de tout et n'importe quoi avec elle, et même se disputer avec elle. Il lui a promis qu'il allait continuer sans faiblir, bien s'occuper des petites, il ne fallait pas qu'elle s'inquiète. Il penserait à leur mettre leurs écharpes, elles ne prendraient pas froid. Il lui a chanté des chansons qu'elle aimait, décrit l'instant de la mort comme un grand flash, une vague de paix dont on n'a pas idée, un retour bienheureux à l'énergie commune. Un jour il connaîtrait cela, lui aussi, il la rejoindrait. Ces paroles lui venaient facilement, il les déroulait d'une voix basse, très calme, elles l'envoûtaient lui-même. C'est la vie qui fait mal en résistant, mais le tourment d'être vivant prenait fin. L'infirmière lui avait dit: les gens qui luttent meurent plus vite. Si cela durait si longtemps pensait-il, c'est peut-être parce qu'elle avait cessé de lutter. Que ce qui vivait encore en elle était tranquille, abandonné. Ne lutte plus mon amour, lâche, lâche, laisse-toi aller."


*************

Evidemment, Johanne est terriblement dans mon coeur et dans mes larmes, à cette seconde.
Mais...

La vie continue.
La vie est là dehors.
Le soleil continue de briller.
Et si E. et A. se retrouvent sans leur maman, ils continuent malgré tout de rire, et de chanter.
Et si L. a perdu sa femme, il continue lui aussi, de rire, et de chanter.
Je sais, intimement, que c'est ce que Jo aurait souhaité.
La vie, et les vivants.
Etre du côté de la vie, saisir les bonnes et les belles choses.
Saisir sa chance.
Et sentir une présence douce et amicale qui chemine, à leurs côtés, à nos côtés.
Tu me manques ma belle Jo.


"


2 avril 2009

Dominique A, La musique

lamusique_dominique_A

Depuis hier l'album tourne en boucle, c'est un chef-d'oeuvre.
Dès que j'ai 3 secondes je vous en parle...

07 Avril 2009: 3 secondes?

Un album sublime...
Un voyage.
Du grand grand grand Dominique A.  (3 titres en écoute sur son site)

Musicalité.
Onirisme.
Emotion.

Gros coup de coeur en ce qui me concerne.
Les mots me touchent.
La musique me transporte.

D'autant que le travail sur le son est implacable.

Dominique A, inimitable.

Je navique d'une chanson à l'autre, tantôt je suis cette femme dans un hôtel, tantôt je rêve de voyage, Nanortalik...
Et tantôt j'entends... le bruit blanc de l'été...

Et le piano...

Edit: Pour écouter la critique de Télérama


Dominique A - Immortels
envoyé par CInq7

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25 mars 2009

Clarika, Moi en mieux.

Clarika "Et tant pis pour ta gueule si t'es né sous les bombes! Ben ouai, tu l'as bien mérité!"

Frissons et yeux embués de larmes.

C'était en décembre dernier.

L'incroyable chance de découvrir ce titre en live.

"On prend pas un bateau si on sait pas nager, ben non..."

Première fois pour elle, Clarika.
Première fois sur scène, pour cette chanson.

Et le coup de poing pour nous, les spectateurs.

Et le coup de foudre.

Un petit souvenir en image:

P1020545

"C'est l'évidence, t'avais qu'à naître en France..."

Irrévérencieuse Clarika.

Petit bout de femme qui t'en colle une à droite, et une à gauche, pour faire bonne mesure.

Alors reprenons...

Collaboration avec Florent Marchet pour cet album.

Et pour qui me connaît, Florent Marchet, ... Me voyez-vous sourire derrière l'écran de mon ordinateur?

Ah, et puis... Comme il n'est jamais loin de Florent, je vous laisserai sur les mots d'Arnaud Cathrine.

Allons bon.

Vous me voyez là, franchement sourire, derrière mon écran?

Mais avant de vous livrer les mots d'Arnaud. C. , mon petit message perso.

Vous faire découvrir de la musique?
Avec plaisir.

Mais s'il vous plait...

Pas de téléchargements...

Cet album, de Clarika, il mérite que vous alliez l'acheter.

Les artistes qui me font tant de bien, ceux que je vous fait découvrir, ont besoin qu'on achète leurs albums...
Ils ne sont pas multi-diffusés sur les grosses radios "rouleau-compresseur".

Tant de travail.
Tant de passions.

Etre ami des artistes, c'est leur rendre un peu de ce qu'ils nous offrent.

Ca ne sera jamais à la hauteur de l'émotion.
Une petite poignée d'euros...

Alors si vous aimez, achetez.

Le mot de la fin à Arnaud Cathrine, beaucoup plus talentueux que moi pour présenter l'artiste:

"Son insolence et sa légèreté trompeuse m’ont toujours fait du bien. Qu’elle s’invite dans les vestiaires des garçons, qu’elle s’efforce de calmer les ardeurs d’un cousin trop sentimental, qu’elle conjure son amoureux d’enlever son imperméable (et le reste) ou l’implore de ne pas lui demander sa main, Clarika s’autorise une liberté de ton qui, on le sait, n’a pas manqué de faire des « petites ». Et moi qui suis si souvent rattrapé par l’esprit de sérieux (un garçon français, quoi !), j’ai bien besoin d’une fille comme ça : fantaisiste sans scrupule, désinvolte jusqu’à l’humour noir, vous serrant la gorge au moment où vous vous y attendez le moins… Une fille qui déjoue les étiquettes trop faciles, trop rapides. Libre comme l’air, en somme. Or quoi de plus salutaire dans un univers musical si souvent formaté ?
C’est en mai dernier que mon compagnon de route Florent Marchet (qui avait déjà signé la composition de « Je t’aimais mieux » sur le précédent album) m’a annoncé la bonne nouvelle : « la fille tu sais » allait s’installer quelques semaines dans son studio. But du « jeu » : Jean-Jacques Nyssen, le complice de toujours, et Florent s’associaient pour signer à quatre mains la réalisation du cinquième opus de la demoiselle. Belle idée, me dis-je aussitôt : ces trois-là partagent un goût manifeste pour la pop et le folk des années soixante-dix et la confrontation de leurs univers musicaux promet de l’inattendu…

Témoin ou espion selon les moments, j’ai donc suivi la confection de l’album, découvrant au fil des séances d’enregistrement comment les maquettes piano/voix prenaient corps : ici un clavier Rhodes, là un orgue Philicorda, quelques notes d’autoharp, des sons résolument organiques, un écho à nos chers Belle and Sebastian et autre Divine Comedy ; et puis des partitions cuivres et cordes cinématographiques comme un hommage à John Barry… Et puis la chanteuse a commencé à « poser ses voix ». Et là, ce fut une évidence : la tournée « Joker » était passée par là ; résultat : une interprétation incroyablement décomplexée, un travail en studio où résonnait sans cesse l’énergie du live qui venait de la porter sur plus de deux cents dates.

Quelques semaines plus tard, l’enfant est né et il s’appelle « Moi en mieux ». Alors autoportrait made in Clarika ? Oui, à sa façon, c’est-à-dire au gré des chemins de traverse qu’emprunte son humour. Plutôt que de se décrire complaisamment, Clarika préfère en effet inventorier tout ce qu’elle n’est pas dans une cavalcade décalée et débridée (« Je ne serai pas »). Elle se plaît également à imaginer à quoi ressemblerait une Clarika idéale, une « super elle-même » (mais l’aimerait-on quand même ? se demande-t-elle). Et pudeur oblige (vous savez, cette chose pas très à la mode mais néanmoins précieuse…), l’autoportrait renferme en son cœur une « boîte à secrets », ce « coffre-fort intérieur » dont nous n’aurons jamais le « sésame »… Car Clarika ne saurait en rester à elle-même, elle jubile même quand il s’agit de se pencher… sur notre cas (qui n’est jamais très loin du sien, se doute-t-on). Le cas des « bavards », par exemple, coincés dans les ascenseurs ou sous les draps, le cas de nos corps tremblants dans le souffle hivernal, ou encore cette coiffeuse contrainte de faire des couleurs à des femmes caquetantes, mais dont la vie reste grise… Et puis ce bouleversant « Lâche-moi » que susurre une mère à son enfant, bien trop consciente que donner la vie, c’est - dès le premier cri - apprendre à se séparer… Un autoportrait tout autant qu’une galerie de portraits donc. Treize chansons et treize façons de parler d’elle-même sans doute, d’exercer son regard aiguisé et singulier en tout cas. Un trait plus assumé que jamais. Sans oublier deux moments on ne peut plus audacieux et surprenants dans cet album que Clarika et ses compères ont souhaité délibérément « au long court » : le début et la fin. En ouverture : la verve juste, acérée et engagée de « Bien mérité ». Rien de plus difficile, me dis-je souvent, que de se coller dans une chanson au thème de l’injustice… sans crouler sous les clichés. Le résultat est si souvent naïf et « belle âme ». Pas là, ô combien. Parions que « Bien mérité » fera date. Ce serait justice, en l’occurrence. Et puis le final, véritable morceau de bravoure : telle une Barbara convoquant la solitude personnifiée, Clarika fait le portrait de cet ami « trop fidèle » qu’est… l’Ennui ; se transformant pour l’occasion (malin contrepoint) en Calamity Jane, elle chevauche plus de cinq minutes durant le creux de nos existences avec la fougue des meilleurs B.O de western.

Toujours plus libre donc. Clarika ose. Et l’emporte. À la force de son talent et grâce à deux chefs d’orchestre détonants. Il n’y a pas de secret.

Arnaud CATHRINE"

14 mars 2009

En secret, d'Arnaud Tiercelin

en_secret Cher Arnaud, C'est le coeur un peu battant que je l'ai trouvé, enfin, dans ma boîte aux lettres, ce secret si bien gardé... Il est beau, ce livre, ce premier roman... Je m'attendais à un livre moins épais, j'ai été étonnée, contente... Puis je l'ai posé, il me fallait un peu de temps pour juste le regarder. Ce matin, je l'ai ouvert... Comme toujours, j'ai d'abord lu les dédicaces. J'aime cette intrusion du réel dans le roman. J'imagine toujours la famille, les proches, fiers et émus... Alors j'ai lu au début, puis à la fin. Je me suis autorisée à penser que peut-être j'étais comptée dans les amis. Oh, un tout petit peu à peine, mais quand même... Puis je me suis installée sur la pelouse, dans le jardin devant chez moi. Ma fille joue avec les petits voisins, et moi, je lis la première page. Puis la deuxième, et puis, et puis... Et puis je pense que je t'appelle souvent ma "voix dans la nuit". Etonnant n'est ce pas? Etonnant, l'histoire de ce petit gars qui entend des "voix dans la nuit". Comme un fait exprès? Pas fait exprès. En tout cas, pas envie d'attendre pour te livrer mes premières impressions, publiquement. Mais très envie de le poursuivre alors, comme ma fille s'endort à la sieste, voilà, c'est Mon moment, je replonge dans les pages, En secret.

12 mars 2009

Impardonnables part 2

impardonnable
Allez zou, un coup de courage, d'autant que je l'ai terminé depuis un moment déjà.

Marrant, lorsque je l'ai ouvert je me suis dit "Tiens, encore une disparition..."

Encore un père.
Encore une disparition.

Et même, des disparitions, en filigrane.

Philippe Djian, c'est toujours plusieurs propos mêlés, des fils qui s'entrecroisent.
Il faut détisser l'ouvrage.

J'aime l'écriture de Djian, pour ce qu'elle a de sombre et de franchement décalé, c'est un univers en soi.
Pas forcément facile à lire, je ne vous le recommande pas pour la détente et l'évasion!

Mais c'est un très beau livre sur le pardon, les rapports humains, le revers de la médaille...

Et surtout, un très très beau roman sur l'écriture.

C'est toujours très étrange pour moi lorsque par hasard (et c'est toujours par hasard en fait...) un livre me parle, me parle vraiment, comme si il avait été écrit pour moi.

Lecture à point nommé donc, et extrait:

"Rien n'était plus dur que d'écrire un roman. Aucune besogne humaine ne réclamait autant d'effort, autant d'abnégation, autant de résistance. (...) Il m'arrivait de serrer si fort les dents au milieu d'une phrase que la pièce toute entière se mettait à siffler. Hemingway ne racontait pas autre chose. L'herbe ne verdissait pas toute seule. Le paysage ne filait pas derrière la vitre par enchantement."

Voilà...

A venir, dans pas trop longtemps si je suis pas trop paresseuse, un petit quelque chose sur En secret d'Arnaud Tiercelin, paru à l'Ecole des Loisirs ce 5 Mars dernier. Beau titre pour un premier roman, non?

25 février 2009

Impardonnables- Philippe Djian

impardonnables_Djian A venir, dès que je l'ai terminé. Je suis une grande "fan" de Djian, parler de tous ceux que j'ai lu, euh... j'ai la flemme! Mais en image ça donne ça: doggy_bag_1 DB2DB3 DB4bis DB5DB6impuret_szone__rog_ne
16 février 2009

Des vents contraires. Olivier Adam.

Des_vents_contraires
Il est des auteurs que l'on se prend comme une gifle en plein visage.
Dont Olivier Adam.
Une sensibilité déchirante au bout de la plume.
Le plaisir de l'émotion.
De ce qui est bien écrit.
De ce qui va directement de ses tripes à son encre à nos tripes.
Bien sûr, Olivier Adam n'est pas des plus gais...
J'aime son humanité, ses fissures, ses fêlures, ça me parle.

Des vents contraires est son dernier roman.
Je reviendrai vous parler de ses autres romans.
Pour l'heure, entrons ensemble dans la tourmente de vents contraires.

Un père.
Deux enfants.
Une mère.

Une disparition.

Une profonde douleur.

Sarah a disparu.
Volatilisée.

Depuis un an, Paul, le père, Manon et Clément, les enfants, vivent dans la stupeur de cette disparition.

Ronde des questions.
Douleur tapie, sournoise, qui revient en boomerang.
Pourquoi.

Paul décide de déménager à Saint-Malo, la ville qui l'a vu grandir, pour échapper au puits sans fond de cette inexplicable disparition.

Un père à vif qui surnage et se noie, un personnage bouleversant, à cran, à vif, un père-loup pour des enfants ébranlés, fragiles.

Olivier Adam écrit, décrit merveilleusement cette famille foudroyée.
La tendresse et l'impuissance.

Plus que tout la douleur de ne pas savoir, pas comprendre, la culpabilité, la ronde des questions, le cerveau qui jamais ne s'arrête, qui réécrit sans fin l'histoire, refait le parcours, se heurte à l'inexplicable.

Des personnages cassés comme Olivier Adam en a le secret.

Et puis, dans la tempête, des trouées de lumière, des moments de grâce...

Extraits:

"A l'étage, recroquevillée au centre de mon lit, à même le matelas, Manon dormait. Le soleil tombait sur ses cheveux et rougissait sa joue droite. Elle tétait son pouce et ronflait. (...) J'ai ouvert la fenêtre et une odeur de vent tiède s'est engouffrée, un parfum de ciel, de printemps à deux doigts de l'hiver. Je me suis allongé près d'elle, j'ai embrassé ses quatre ans et j'ai fermé les yeux un long moment."

"Clément s'est endormi avant la fin, une banane quasi intacte dans la main droite. Je l'ai porté dans son lit. les cheveux humides et lissés en arrière, dans son pyjama bleu turquoise, il n'avait plus neuf ans soudain, il me semblait encore le sentir contre mon torse, ma main coincée dans celle de Sarah, nos pas sur les landes de Fréhel, le premier été de sa vie, mes lèvres sur son crâne encore mou, ses petits cheveux noirs et épars, son odeur de lait caillé, de réglisse et de savon doux. (...) "

"L'impasse était déserte. J'ai marché vers le large et c'était comme s'enfoncer dans la nuit pour ne plus jamais revenir. tout sentait la pluie, l'iode et la terre gelée. Sarah se tenait là, invisible et mouillée, je sentais sa présence auprès de moi, sa main dans mon cou, ses doigts frigorifiés qui jouaient sur mon ventre. L'escalier plongeait dans le vide, le vent sifflait dans les herbes accrochées à rien. J'avançais vers des flots invisibles et perdus dans le ciel noir, le ventre tordu et la poitrine serrée dans un étau. Il s'est mis à pleuvoir, des gouttes lourdes comme des balles, je me suis laissé trouer, transpercer, je me suis laissé laver de fond en comble, jusqu'à ce que Sarah s'en aille, son visage et son corps, et l'empreinte que creusait son absence."

Des vents contraires.
Olivier Adam.
Editions de l'Olivier.
20 € .

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